Auteur : Enrique
Vila-Matas
Titre VO : Bartleby
y compañias
Editions : Christian
Bourgois
Genre : Contemporain
Pagination : 219
pages
Prix : 6€
ISBN : 9782267020434
Synopsis :
Vingt-cinq ans
après avoir écrit un roman d'amour, un commis aux écritures revient sur ce
traumatisme ancien et démarre une sorte de journal, à la recherche de ces
innombrables écrivains négatifs qui emplissent de leur assourdissant silence
l'histoire de l'écriture. Livres inachevés ou inachevables, échecs éditoriaux,
succès posthumes, auteurs d'un seul livre, confessions tardives d'une vocation
inaboutie, maniaques du pseudonyme, incapables majeurs, désespérés a priori,
partisans de la brièveté humaine jusqu'à choisir la vie contre les lettres ou
jusqu'à se l'ôter par dépit, militants de l'ineffable ou nègres consentants,
tous ces petits-cousins de Bartleby forment une constellation d'où à n'en pas
douter, sont sortis les meilleurs, quand ils n'y sont pas tout simplement
restés.
Ressenti :
Encore
un livre très « littéraire » issu de mes cours. Ce recueil de
note/journal d’Enrique Vila-Matas nous parle d’écriture. Ou plutôt, il parle de
non-écriture. Aperçu d’un texte qui part à la recherche des textes potentiels.
Ce
livre n’est pas un récit narratif. S’il commence par une narration, c’est
simplement pour planter le décor, pour nous présenter l’origine (fictive… ou
pas) de la réflexion dont il est question ici. Très vite, on abandonne le récit
pour entrer dans les notes de bas de page. Du moins c’est l’aspect que prend le
texte. On constate très vite que seule la numérotation et peut-être la
dimension réduite de ces éléments textuels nous raccrochent à la dite
« note de bas de page ». En réalité, c’est un journal. Le journal
d’une quête dans laquelle on se lance à la suite du « narrateur » (à
défaut d’un autre terme, puisqu’il ne s’agit pas de narration). On enquête sur les écrivains de la Négation. Il
s’agit ici des écrivains qui, pour une raison ou une autre, ont décidé
d’arrêter d’écrire ou qui n’ont même jamais commencé à le faire, laissant leur
œuvre dans l’immensité des textes potentiels. Au fil d’un travail de recherche
qui peut sembler chaotique, mais pourtant très rigoureux, on en apprend plus
sur ces auteurs, sur les raisons qui les poussent à devenir des négativistes et
sur la littérature plus largement.
Ce
livre n’est pas une fiction, c’est un travail de recherche qui ne répond pas
aux caractéristiques formelles d’un travail universitaire. Aussi, je doute de
l’intérêt que trouverait un lecteur amateur (sans aucune intention péjorative
de ma part dans ce terme) pour cette lecture. Cela dit, l’écrivain en herbe
pourrait y trouver un certain réconfort en constatant qu’il est loin d’être le
seul à procrastiner, remettant de jour en jour le travail fastidieux qui
l’attend avant la publication. C’est du moins, l’un des attraits que j’ai pu
constater dans ce livre par ailleurs très lisible si l’on a la patience
d’étudier les nombreux intertextes dont il est question.
Comme
je l’ai dit au début, c’est un livre très « littéraire ». Je l’ai
personnellement beaucoup apprécié parce qu’il s’inscrit dans mes réflexions
personnelles, mais il n’aura probablement pas la même réception chez quelqu’un
qui ne s’intéresse pas à la chose littéraire.