samedi 18 janvier 2014

Le Meilleur des Mondes, Aldous Huxley





Synopsis :

Bienvenue au Centre d’Incubation et de Conditionnement de Londres-Central. A gauche, les couveuses où l’homme moderne, artificiellement fécondé, attend de rejoindre une société parfaite. A droite : la salle de conditionnement où chaque enfant subit les stimuli qui plus tard feront son bonheur. Tel foetus sera Alpha -l’élite-, tel autre Epsilon -la caste inférieure. Miracle technologique : ici commence un monde parfait, biologiquement programmé pour la stabilité éternelle…

La visite est à peine terminée que déjà certains ricanent. Se pourrait-il qu’avant l’avènement de l’Etat Mondial, l’être humain ait été issu d’un père et d’une mère ? Incroyable, dégoûtant… mais vrai. Dans une réserve du Nouveau Mexique, un homme sauvage a échappé au programme. Bientôt, il devra choisir : intégrer cette nouvelle condition humaine ou persister dans sa démence…


Ressenti :
               
J’avais ciblé ce roman depuis un moment. C’est un grand classique de la science-fiction. C’est un classique tout court et le synopsis me plaisait. Mon cours de science-fiction a achevé de me convaincre puisque l’œuvre fait partie de la bibliographie et à fortiori parce que c’est une lecture obligatoire pour la session. 

Me voici donc embarqué dans l’univers du meilleur des mondes. Pour ceux qui ne connaissent pas l’historique de l’œuvre, il faut savoir que c’est un roman qui a été écrit en 1931. Il dépeint le monde qui pourrait être le nôtre dans les années 2500. Je reviendrai dessus par la suite. 

En l’an 632 de Notre Ford, les humains naissent dans des éprouvettes et sont conditionnés en fonction de la fonction qu’ils sont appelés à occuper dans la société. Celle-ci est divisée en castes : des alphas au plus grand potentiel physique et mental, jusqu’aux epsilons insignifiants et difformes. Leur conditionnement est tel qu’ils agissent par reflexe dans toutes les situations. Seuls les alphas et bêtas ont un semblant de libre-arbitre lorsqu’ils travaillent. Mais dès qu’ils quittent leur poste et vont se divertir, ils sont de nouveau soumis à un conditionnement sans faille qui les infantilise. Tout est prévu pour faire fonctionner la société. Chaque activité entraîne une consommation, qui entraîne une création d’emploi et donc l’emploi d’un membre de la communauté. Tout le monde semble vivre heureux dans « le meilleur des mondes possibles », et si, par hasard, quelque chose vous tracasse, il suffit de quelques centigrades de soma pour oublier tout ça. Cette drogue démocratisée, et même imposée par la société, permet d’effacer toute émotion trop forte. Elle permet de prendre congé, de s’évader dans un monde toute en couleur, en douceur et en bonheur. Agissant comme un puissant antidépresseur, il est l’instrument ultime pour stabiliser la société. Pas d’émotions : pas de révolte, pas de révolte : pas de changement, pas de changement : la stabilité.

Mais voilà, les centres de conditionnement sont encore majoritairement actionnés par les humains. Les humains sont faillibles. Il arrive donc parfois qu’un individu soit mal conditionné. C’est le cas de Bernard Marx. Alpha plus, il appartient à la caste la plus importante de la société mais n’en a pas la dimension physique. Surtout, il se questionne, il éprouve des émotions, il a une conscience aiguë de sa personne en tant qu’individu, contrairement à l’ensemble de ses congénères. Ses idées, son comportement inquiètent son entourage, ses collègues de travail, les femmes qu’il fréquente. Fasciné par les « sauvages », ceux qui n’ont pas grandi dans la société, il fera la rencontre de John, un sauvage très particulier.

John a grandi dans une réserve de sauvages au Mexique. Il n’a jamais connu de la société que ce que sa mère a bien voulu lui décrire. Cette dernière est une bêta qui s’est égarée durant un voyage dans la réserve et n’a jamais été retrouvée. Elle a mis au monde son fils suivant l’ancien procédé de conception vivipare. Honteuse, elle n’en aime pas moins John, d’un amour ambigu. Elle lui apprend à lire et lui parle souvent de l’Autre Monde, celui d’où elle vient, qui est mille fois meilleur que la réserve. Rejeté par les habitants de la réserve parce qu’il est différent, il va voir sa vie changer lorsqu’il rencontre Bernard et que ce dernier le ramène avec lui à Londres. Le « Sauvage » va découvrir le monde dont sa mère lui parlait et le choc sera important. Loin d’apprécier la société dans laquelle il est considéré comme un monstre de foire, il en critiquera la futilité et l’absence de raisonnement individuel. Sombrant dans la folie, il va s’exiler de lui-même pour retrouver la vie simple qu’il connaissait dans la réserve. Mais là encore, il sera poursuivi par la société qui y voit un nouveau divertissement.

Le thème  du « sauvage » qui découvre la « société dominante » est abordé par des prédécesseurs d’Aldous Huxley, notamment Voltaire dans L’Ingénu (1767). Celui de la société parfaite est évoqué également (dans Gargantua, de Rabelais en 1534 ; ou L’ile des esclaves de Marivaux en 1725). Ici, le véritable géni d’Huxley est l’anticipation extrêmement réaliste qu’il fait à cette époque. En effet, de nos jours, les technologies se rapprochent de celles qui permettraient de faire vivre la société peinte dans Le Meilleur des Mondes (clonage, étude du génome, utilisation des antidépresseurs, anxiolytiques et autres psychotropes pour « s’échapper »). Notre science s’en rapproche tellement que ç’en devient inquiétant.

Au final, c’est une lecture que j’ai beaucoup apprécié, notamment pour le côté anticipation décrit ci-dessus. Je pense également avoir été plus sensible au contenu grâce à mon cours de science-fiction qui m’a permis de toucher du doigt un certain nombre d’éléments propres au genre. Ce livre est un classique et l’on comprend pourquoi. Attention toutefois, c’est un texte qui a pris de l’âge et dont le style ne plairait pas forcément à tous.

2 commentaires:

  1. Malgré son style particulier, ce roman m'a beaucoup plu lors de sa récente relecture. Je l'ai trouvé d'une grande force évocatrice et d'une effrayante modernité.

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    1. La force évocatrice est indéniable. Concernant la modernité, je serai curieux de voir sur quels points tu t'appuie pour faire ce constat.

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