mardi 25 novembre 2014

Le bruit et la fureur, William Faulkner







Auteur : William Faulkner
Titre VO : The sound and the fury
Editions : Folio
Genre : Drame
Pagination : 372 pages
Prix : 6,90€


Synopsis :

L'histoire se déroule dans la région de Yoknapatawpha. Le drame se déroule entre les membres d'une de ces vieilles familles du Sud, hautaines et prospères autrefois, aujourd'hui tombées dans la misère et l'abjection. Trois générations s'y déchirent : Jason Compson et sa femme Caroline née Bascomb ; leur fille Candace (ou Caddy), et leurs trois fils, Quentin, Jason et Maury ; Quentin enfin la fille de Caddy. Autour d'eux trois générations de "nègres" : Dilsey et son mari Roskus ; leurs enfants, Versh, T.P. et Fron ; plus tard, Luster, fils de Frony."


Ressenti :

                Encore une découverte liée à mes cours. Le roman de William Faulkner, Prix Nobel de littérature 1959 est connu et reconnu par des générations d’écrivains et de lecteurs comme l’un des romans les plus novateurs. 

                Dans ce récit, nous suivons successivement les états d’âme des trois frères Compson. Dans l’ordre Maury (rebaptisé Benjamin ou Benjy), Quentin, puis Jason vont nous révéler la relation conflictuelle qu’ils vivent avec leur sœur Candace. Je parle d’états d’âme, mais il s’agit en fait des pensées de chaque frère. Le point de vue interne nous emmène dans l’esprit des personnages. Souvent confuse, parfois poétique, parfois brutale, cette plongée nous raconte l’histoire et la décadence de la famille Compson.

                Benjy est un idiot. Incapable de s’exprimer autrement que par des cris et des larmes, il possède une vision du monde unique et un flux de pensées impétueux. Dépendant des gens, il éprouve une affection démesurée pour sa sœur Caddy. Elle est celle qui s’occupe de lui, celle qui l’apaise, celle qui le comprend. Mais elle est aussi celle qui l’a abandonné pour se marier. Benjy ne s’est jamais remis de cette rupture et vit constamment dans un passé beaucoup plus coloré que son triste quotidien. Chaque sensation – en particulier les odeurs – le replonge dans des souvenirs de jours meilleurs.

                Quentin est l’enfant brillant. On a placé en lui tous les espoirs de la famille. On a même vendu un bout de propriété pour qu’il étudie à Harvard. Quentin est un jeune homme cultivé, qui cultive pour sa sœur une obsession incestueuse. Il ne veut pas admettre que sa sœur soit indépendante et émancipée. Il ne veut pas constater que le temps passe, mais il en fait une obsession. Le temps s’échappe à toute allure depuis que Caddy lui a filé entre les doigts. Pour lui, la vie s’arrête lorsqu’il apprend le mariage de sa sœur, mettant fin à tous ses fantasmes. 

                Jason est le mal aimé, l’aigri, le furieux. Quentin est parti, Caddy aussi. Son père s’est laissé mourir à grands coups d’alcool. Il ne reste plus rien de la grandeur de la famille, mais lui ne veut pas se laisser faire. Il est malin et cherche par tous les moyens à retrouver ses rêves ambitieux. Mais on lui met des bâtons dans les roues : Quentin, la fille de Caddy, a été recueilli par Caroline, sa grand-mère. Jason, le seul qui rapporte de l’argent à la maison, y voit un obstacle de plus dressé par le monde contre lui. C’est un homme mauvais qui rumine sans cesse sa rancœur envers le monde entier. 

                A travers ces bribes de pensées, Faulkner nous présente le drame d’une ancienne famille du Sud, après la guerre de sécession. Il nous dresse également un portrait subtil de Candace, la sœur, l’objet de l’obsession des trois frères. Enfin, il évoque les questions d’esclavage, de féminisme, de discrimination en général. 

                J’ai eu du mal à rentrer dans ce roman, en raison du caractère très décousu du texte. Les pensées – c’est un fait – ne suivent jamais une ligne droite, ou même un schéma cohérent. Mais l’effet, une fois que je l’ai assimilé, a favorisé mon immersion. Les personnages existent et ont leur voix propre. C’est la grande force de ce récit. 

                En résumé, c’est une lecture très enrichissante. Je ne l’aurais probablement pas sélectionnée par moi-même, mais mes cours sont là pour ça également. A tous les amateurs d’expériences originales de lecture, n’hésitez pas, c’est un chef-d’œuvre.

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