Auteur : Auguste
Villiers de l’Isle-Adam
Titre VO : L’Eve
future
Editions : Ebooks
libres et gratuits
Genre : Classique,
Science-fiction
Pagination : 441
pages
Prix : 0€
Synopsis :
"Je viens
vous dire : Puisque nos dieux et nos espoirs ne sont plus que scientifiques,
pourquoi nos amours ne le deviendraient-ils pas également ? -A la place de
l'Eve de légende oubliée, de la légende méprisée par la Science, je vous offre
une Eve scientifique, -seule digne, ce semble, de ces viscères flétris que -
par un reste de sentimentalisme dont vous êtes les premiers à sourire- vous
appelez encore "vos cœurs".
(...) Chimère pour chimère, péché
pour péché, fumée pour fumée, -pourquoi donc pas ?..."
Ressenti :
Encore
et toujours dans le cadre de mes cours, j’ai découvert ce roman. Paru pour la
première fois en 1886, il s’inscrit dans les tout débuts de la science-fiction.
Plongée dans un univers technologique sur-défini.
Thomas
Edison (personnage de fiction – nous rappelle l’auteur – inspiré très fortement
de son homonyme réel) est un scientifique de génie, un ingénieur à qui rien ne
fait peur. Lorsque son ami et bienfaiteur Lord Ewald vient lui rendre une
dernière visite avant de quitter ce monde, il n’hésite pas à prendre le
problème du riche anglais à bras-le-corps. Victime d’une déception amoureuse
(une femme aussi belle qu’elle est sotte), il ne voit pas d’alternative. Edison
lui propose de soigner son mal en trois semaines. Pour cela, il va donner corps
à une andréïde et la façonner à l’image de la femme incriminée par Ewald. Le
scientifique promet à son ami que cette femme artificielle saura combler les
épouvantables lacunes de son modèle de chair et de sang.
Mon
premier contact avec ce roman a été laborieux. Des réflexions philosophiques
très poussées, sans préambule et dans une langue hyper soutenue m’ont cueilli à
froid. S’ensuit de longues descriptions techniques des inventions du génie de
l’Ampoule. Malgré mes « bases » en sciences, j’étais complètement
perdu dans ce fouillis d’informations et je luttais pour garder la tête hors de
l’eau. Peu à peu, je me suis fait au style de l’auteur et les scènes me sont
apparues plus claires. J’ai pu accéder aux interrogations soulevées par le
roman et enfin embarquer dans l’histoire.
Le
personnage d’Edison est un génie. Il a réponse à tout, semble avoir vécu des
siècles tant ses inventions sont nombreuses et en avance sur leur temps.
Passionné par la science, il prend chaque problématique comme un défi personnel
et s’acharne à trouver des solutions, non sans une approche très méthodique.
Lord
Ewald est plus complexe. Sa conception particulière de la femme l’amène à
détester cette femme au corps divin qu’il a rencontré. Ses aspirations sont si
hautes qu’aucune autre femme ne pourrait y répondre. L’idée de l’andréïde, bien
que pouvant répondre aux critères, semble pourtant bien loin du romantisme dont
fait preuve notre jeune lord.
Hadaly,
l’andréïde, et son modèle de chair, Alicia, sont deux conceptions très
particulières de la femme. Elles forment aussi le cœur du propos extrêmement
misogyne qui a fait débat autour de l’œuvre. Lorsqu’Edison, le génie des
sciences, applique ses procédures aux sentiments et aux traits de caractère,
une vision très étroite nous est donnée. La mécanique n’est probablement pas le
meilleur moyen de définir les sciences humaines.
Si
j’ai mis beaucoup de temps à rentrer dans l’histoire, j’ai fini par être séduit
par la poésie de ce roman. S’il n’y avait eu ce gros bémol des détails
techniques lourds, j’aurais pu le désigner comme un coup de cœur. A ceux que la
science ne rebute pas, je le conseille vivement.
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