dimanche 3 mai 2015

Kamouraska, Anne Hébert





Auteur : Anne Hébert
Titre VO : Kamouraska
Editions : Du Seuil (Points)
Genre : Classique, Historique
Pagination : 246
Prix : 6.70€


Synopsis :

Au chevet de son époux mourant, c'est sa propre mémoire que veille Elisabeth d'Aulnières. Enfouis sous le temps et les songes, les souvenirs de sa jeunesse tumultueuse refont surface : l'histoire, en 1839, de son innocence salie, d'une passion tragique de chair et de sang, d'amour et de mort. Un secret dissimulé sous l'opaque silence des apparences et de l'honneur. Un amour éperdu enterré vivant sous les neiges québécoises...


Ressenti :

                De vagues échos faisant état d’un style difficile à lire. Voilà tout ce que je savais de ce livre avant d’embarquer. Lecture obligatoire pour mon cours de corpus québécois, cette œuvre est aussi celle qui a consacré Anne Hébert. 

                Le premier contact avec le roman est rugueux. Dès les premières pages, le style qui a tant fait parler de ce roman m’agresse. J’avance très lentement, je suis perdu à la fin de chaque page. Qu’y a-t-il de si déstabilisant pour qu’un lecteur confirmé s’y perde ? Le rendu admirable des sombres pensées, des délires, des cauchemars du personnage principal, tout simplement. Elisabeth D’Aulnières a un passé terrible qui la hante chaque jour de sa vie. Alors qu’elle doit veiller son mari malade, ses souvenirs ressurgissent avec une violence décuplée. Elle a peur de voir à nouveau son nom salis. Elle a peur de revivre ce qui s’est passé, il y a si longtemps, à Kamouraska. Dans un récit où le présent est constamment envahi par les images du passé, on découvre petit à petit le sombre secret d’Elisabeth d’Aulnières. Son sommeil agité, encouragé par des médicaments, est le théâtre de cauchemars où les personnages du passé lui font revivre sa disgrâce et viennent la juger. 

                L’ambiance est lourde. La folie et le délire sont en trame de fond tout au long du récit. L’histoire d’un amour passionnel qui vire au drame nous embarque. La grande force du récit à mes yeux est bien cette capacité de nous faire ressentir l’angoisse du personnage principal, de nous faire partager ses terreurs. 

                Elisabeth est une femme obsessionnelle. Lorsqu’elle veut quelque chose, rien ni personne ne semble pouvoir l’en empêcher, pas même la raison. Pourtant, elle refuse obstinément d’assumer ses actes ou ceux qu’elle a provoqué en manipulant un cœur qui lui était tout acquis. Femme fatale au sens le plus étroit, elle laisse dans son sillage le cœur des malheureux qui croisent son chemin. Si on la croit faible pendant une bonne partie du récit, on finit par comprendre qu’elle a un instinct de survie très développé et que seule sa personne compte. Les apparences sont trompeuses. 

                Je pensais faire une chronique plutôt mitigée, peu enthousiaste, mais force est de constater que le roman m’a plu finalement. Ce n’est certainement pas un coup de cœur parce que le style, s’il est essentiel au roman, a vraiment rendu la lecture pénible. Un roman difficile à aborder, mais au pouvoir d’évocation certain.

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