Auteur : James
Graham Ballard
Titre VO : Crash
Editions : Denoël
(Folio)
Genre : Drame
Pagination : 352
pages
Prix : 6.80€
Synopsis :
Après avoir
causé la mort d'un homme lors d'un accident de voiture, James Ballard, le narrateur,
développe une véritable obsession pour la tôle froissée. Enrôlé par Vaughan, un
ex-chercheur qui aime reconstituer des accidents célèbres et va même jusqu'à en
provoquer pour assouvir ses pulsions morbides, Ballard se verra progressivement
initié à une nouvelle forme de sexualité : le mariage de la violence, du désir
et de la technologie.
Ressenti :
Dernier
livre à lire pour mon cours sur les « Robots et automates dans la
littérature », Crash ! devait
faire l’objet d’un atelier en fin de session. Malheureusement les agitations
sociales qui ont secoué mon université en ont décidé autrement. Le prof avait
donné une place à part à ce roman. Sa lecture m’a fait comprendre pourquoi.
L’histoire
tourne donc autour de James Ballard, récent accidenté de la route, survivant et
homicide. A la suite de son expérience, il développe un intérêt malsain pour
les voitures et plus particulièrement les véhicules accidentés et leur
rencontre avec les chairs de leurs passagers. Cette passion singulière éveille
en lui une sexualité insoupçonnée, faite d’accidents, de cicatrices, de
positions étranges et surtout, d’éléments de voiture. Il rencontre Vaughan,
véritable gourou des accidents de voiture. Après avoir longtemps traqué
Ballard, il va l’introduire dans un cercle restreint d’accidentés de la route
qui ont développé la même orientation sexuelle.
Bourré
de scènes de sexe, ce roman n’est pas pour autant un livre pornographique.
Chacune de ces scènes est étroitement liée aux voitures et devient donc moins
accessible aux amateurs d’émois littéraires. Le narrateur insiste d’ailleurs
lourdement sur l’absence totale de plaisir sexuel dans ces actes, mettant en
avant une espèce de nécessité, de passion désintéressée pour l’union de la
chair et des chromes.
Une
fois qu’on a intégré ce principe de base, on comprend plus facilement les
personnages qui gravitent autour de Ballard, à commencer par Vaughan. Le plus
extrême de ces individus est un obsédé. Il traque sans relâche les accidents,
prenant des photos, mimant les postures des blessés ou des morts pour s’en
souvenir et les reproduire par la suite dans des coïts avec des prostituées à
l’intérieur de sa propre voiture. La Lincoln qui l’emmène partout empeste la
sueur, le sperme et l’herbe. Ballard, fidèle disciple de Vaughan dès leur
rencontre, va peu à peu suivre le chemin de son mentor. Son regard va
s’aiguiser, ses intérêts s’orienter de plus en plus vers les accidents, et sa
passion emportera également sa femme avec lui. Toute cette troupe vit dans une
espèce de bulle à part. Ils sont différents. Ils ne semblent plus avoir aucun
rapport avec le reste du monde et ils s’en contentent largement.
L’écriture
de Ballard (l’auteur) est crue. Il ne met pas de filtre, il ne cache rien et
c’est ce qui rend le récit dérangeant parfois. Pourtant, il met une fantastique
poésie dans la description des voitures et dans le rapport de ses personnages
avec celles-ci. Le résultat donne une histoire prenante, très facile à lire –
une fois qu’on est entré dans le « délire » des personnages.
Récit
– très – spécial, ce roman m’aura séduit et fait réfléchir un peu sur les
dérives de notre société – notamment en matière de sexualité et de la place que
l’on accorde à la technologie. Vraiment bon !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire