lundi 18 mai 2015

L’Ogre de Grand Remous, Robert Lalonde





Auteur : Robert Lalonde
Titre VO : L’Ogre de Grand Remous
Editions : Denoël (Boréal Compact)
Genre : Contemporain, Littérature québécoise
Pagination : 189 pages
Prix : 11.95 $CAD


Synopsis :

Avec ce conte, replacé dans notre actualité et dans lequel il marie aussi bien la féerie et l’onirisme que la réalité du quotidien, le talent d’écrivain de Robert Lalonde prend toute sa mesure. Sans insistance ni démonstration, par la seule force de l’image, son enquête à quatre voix est moins policière que psychologique. Au-delà des apparences – les ogres ne sont pas forcément où on le croit –, c’est par les détours des esprits, leurs rêves et leur façon d’aborder le réel que nous avançons à la suite de ce Petit Poucet, un innocent qui, pour mieux connaître le langage des bêtes que celui des hommes, n’en a pas moins comme eux sa part de voracité destructrice.


Ressenti :

                Le dernier des livres que je devais lire pour ma session de cours. Encore une fois, un auteur inconnu au bataillon. Une plongée toute en innocence, comme je les aime, dans une œuvre où conte et enquête se mêlent sans anicroche. 

                L’Ogre de Grand Remous, c’est l’histoire d’une fratrie orpheline. Trois frères, une sœur qui doivent grandir sans leurs parents. Jusque-là, rien de bien original, on se dirige vers un bon vieux cliché. Sauf que ! Les enfants sont orphelins parce que leurs parents ont décidé de partir. Un beau jour, Carmen lance un ultimatum à Georges. Ils doivent partir à l’aventure ou sinon, elle va mettre fin à ses jours en sautant dans le vide. Là déjà, on sort des sentiers battus. Ajoutons à cela des enfants qui ont chacun un « don » particulier. Serge fait des rêves prophétiques, Aline se souvient d’un passé qu’elle n’a jamais connu, Charles est un artiste et Julien… Julien est un original. Entre l’autisme et la folie douce, il oscille dangereusement au-dessus d’un gouffre dans un monde que lui seul semble voir. Le nœud central du récit, c’est lui. Ses frères et sœur, durant toute leur enfance, vont s’occuper de lui, s’inquiéter pour lui, vivre avec lui, mettant de côté leur enquête pour retrouver la trace de leurs parents chaque fois que Julien disparaissait. Les parents, justement, Julien ne s’en souvient pas, ou ne veut pas s’en souvenir. Pourtant, bien qu’étant le plus jeune de la fratrie, il a vécu quelques années en présence de Carmen et Georges. Le mystère du cadet devient une obsession pour Charles, l’ainé. Et s’il avait simulé cette folie ? Et si c’était lui qui s’était sacrifié pour que les autres puissent vivre ? 

                Dans un récit à quatre voix (une pour chaque enfant), l’auteur nous emmène à travers la tragédie familiale de Grand Remous. Mais au-delà, il nous fait apercevoir le monde à travers un filtre onirique, celui d’une folie où conte et réalité se mêlent en un tableau impressioniste. Il nous présente quatre destins intimement liés, mais si différents. Entre tensions et fusions, les relations de la fratrie ne sont jamais simples. Elles sont à l’image de celle de notre monde bien réel.

                Un peu sceptique – il faut l’avouer – au départ, j’ai été vite intrigué par cette histoire pas banale. La langue est belle, l’histoire est touchante. Pourtant, il y a un petit goût amer à la fin qui enlève un point ou deux à une œuvre qui aura su me séduire par ailleurs.
               

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