Auteur : Boris
Vian
Titre VO : L’écume
des jours
Editions : Le
livre de poche
Genre : Contemporain
Pagination : 350
Prix : 8€00
(Format papier)
Synopsis :
L'Ecume des
jours : ce titre léger et lumineux annonce une histoire d'amour drôle ou
grinçante et inoubliable, composée par un écrivain de vingt-six ans.
C'est un conte
de l'époque du jazz et de la science-fiction, à la fois comique et poignant,
heureux et tragique, merveilleux et fantastique, féerique et déchirant. Dans cette
?uvre d'une modernité insolente, l'une des plus célèbres du Xxe siècle et
livre-culte depuis plus de trente ans, Duke Ellington croise le dessin animé,
Sartre devient une marionnette burlesque, le cauchemar va jusqu'au bout du
désespoir.
Mais seules
deux choses demeurent éternelles et triomphantes : le bonheur ineffable de
l'amour absolu et la musique des noirs américains...
Ressenti :
Dans
mon processus créatif, j’ai souvent touché du doigt une de mes
faiblesses : je suis trop cartésien. J’ai besoin de justifier et de
rationnaliser toutes choses. Un ami m’a suggéré de lire Boris Vian pour avoir
une idée de ce qu’est l’absurde et du chemin à suivre pour briser mes
barrières. Il m’a prêté ce livre. Je l’en remercie.
L’Écume des jours raconte l’histoire de
Colin, de son ami Chick, de leurs amies Chloé, Alise et Isis ; et de
Nicolas le cuisinier. Tous sont jeunes et en bonne santé. Colin est riche et
offre généreusement sa richesse à ses amis. Il se marie avec Chloé, pendant que
Chick et Alise collectionnent les œuvres de Jean-Sol Partre, le célèbre
écrivain. Mais très vite, quelque chose ne va pas dans leur vie si belle. Les
couleurs se ternissent, les choses semblent moins belles. Chloé est malade.
Colin fait tout pour qu’elle se porte mieux et tout son argent y passe. Peu à
peu, c’est tout leur niveau de vie qui s’érode, et bientôt il ne reste plus que
l’amour et le jazz.
Pendant ce
temps, Chick refuse d’épouser Alise parce qu’il ne s’estime pas assez bien pour
elle. Il préfère dilapider l’argent que lui a généreusement donné Colin pour
assouvir sa passion dévorante pour Partre. Cette passion est tellement
dévorante qu’elle le tuera, mais elle tuera aussi Alise qui désespérait de voir
l’être chéri ainsi consumé.
La
première chose que l’on remarque dans le style de l’auteur c’est l’absurdité.
Les idées s’enchainent parfois sans lien apparent avec l’histoire et parfois
même sans cohérence aucune. Parfaitement déstabilisé par l’exercice, j’ai mis
un temps avant de me concentrer sur le reste. Mais une fois que l’on saute le
pas, c’est toute la puissance du texte qui ressort. L’auteur est un véritable
poète et le tableau qu’il nous peint est une œuvre d’art. A travers ces
descriptions loufoques, on découvre une histoire d’amour tragique. Il y a de la
fatalité dans ce roman, mais aussi de la critique acerbe d’une société trop
concentrée sur la productivité, et d’une Église dont l’office ici s’éloigne
considérablement de l’essence de sa mission. Il y a aussi une mise en exergue
des dangers de l’obsession qui peut ruiner une vie. Enfin, il y a une
démonstration des méfaits terribles de la maladie sur une famille et son
entourage.
Si
dans un premier temps, j’étais sceptique en lisant ce livre – à cause de cette
écriture absurde et déstabilisante – j’ai été véritablement conquis par le
talent de l’auteur. La fresque est magnifique d’émotions et d’une tristesse
bouleversante. Un livre dont je comprends maintenant tout le succès.
Clairement pour apprécier Vian, il faut se faire à l'absurde et larguer les amarres. Mais après, ça fonctionne !
RépondreSupprimerJe suis tout à fait d'accord. Et je crois que la plupart des gens qui ont découvert Vian avec ce roman ont éprouvé les mêmes émotions.
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